top of page

Entre rires et larmes, le cœur et les yeux se laissent déborder dans les salles de ciné…

  • Photo du rédacteur: Henitsoa
    Henitsoa
  • 6 sept. 2021
  • 5 min de lecture

Détentrice d’une carte illimitée, vaste programme que prendre du temps pour soi et s’évader seul(e) ou entre ami(e)s dans les salles obscures et se laisser cueillir au fil du regard dans différents univers au gré des langues étrangères toute en musicalité…


ree

Toujours un plaisir de plonger dans les films atypiques, bourrés de sensibilité et de scènes d’apparence farfelues et pourtant si profondes avec le charismatique et époustouflant acteur danois Mads Mikkelsen. Encore une fois, dans « Drunk », de Thomas Vinterberg, Oscar 2021 du meilleur film international, on se laisse surprendre par un thème épineux autour de l’alcool et ses excès, porté par une franche camaraderie teintée de fragilités, de connivence, de regards bousculés par la vie… de la quarantaine qui éloigne chacun, de leurs aspirations ou énergie motrice… Et ce Temps qui passe et qui creuse des sillons dans les relations, intimes et/ou sociales… Et cette scène finale, entêtante, somptueuse qui nous tourbillonne encore et encore…


A son tour, « Adieu les cons » d’Albert Dupontel, récompensé à plusieurs reprises à la cérémonie des Césars 2021, est un film déroutant et troublant. César du meilleur film, on y suit les tribulations de personnages cabossés par la vie, mesestimés, en quête d’un peu de lumière dans leur quotidien nébuleux. Ce film nous entraîne en même temps au cœur de certains maux de la société anxiogène, avec ces regards qui nous traversent, nous bousculent et certains restent en tête après la fin ébouriffante…


En parlant d’émotions à fleur de peau, « Bonne Mère » est un film français touchant, réalisé par Hafsia Herzi, qui dessine avec douceur et délicatesse le portrait de la cinquantenaire Nora, mère courage dans une cité des quartiers nord de Marseille, qui s’épuise du matin au soir en cumulant deux boulots (femme de ménage dans les avions et aide à domicile auprès des personnes âgées) pour subvenir aux besoins de ses enfants. La jeune réalisatrice a fait appel uniquement à des acteurs non professionnels pour raconter avec réalisme le quotidien de ces « fantômes de la société », qui portent tant de responsabilités sur leurs frêles épaules et qui oeuvrent pour veiller au bien-être de leurs familles. Un moment prenant avec cette mère, héroïne du quotidien, vulnérable, forte et digne, qui remplit l’écran d’humanité. Le film de Hafsia Herzi résonne comme un bouleversant hommage à sa mère, ainsi qu’à toutes les mamans avec leur abnégation pour assurer le bonheur de leurs enfants.


Le cinéma aborde aussi des thèmes ardus, notamment à travers le drame « Désigné coupable » de Kévin McDonald, adapté des mémoires de Mohamedou Ould Slahi dévoilées dans « Les carnets de Guantanamo ». Le film intense relate le parcours du Mauritanien, soupçonné sans preuves d’être l’un des auteurs des attentats du 11 septembre et livré aux Etats-Unis par son pays. Tahar Rahim, nominé aux Golden Globes, y incarne ce détenu pendant de longues années à Guantanamo, séquestré sans jugement ni inculpation, et en proie à des souffrances physiques et psychiques récurrentes. Ce film, magistralement interprété, raconte une bouleversante histoire d’injustice, portée par Tahar Rahim et Jodie Foster, dans la peau de Nancy Hollander, avocate luttant pour faire valoir la présomption d’innocence et l’illégalité de cette incarcération. Une histoire de résilience qui prend aux tripes et au cœur, avec une réalité « inhumaine » mise en lumière.


Parmi les films récemment sortis en salles, trois histoires ont particulièrement attiré mon attention… « Drive My Car », film japonais qui a remporté le Prix du scénario au Festival de Cannes 2021, réalisé par Ryusuke Hamaguchi est adapté de la nouvelle du même nom de l'écrivain Haruki Murakami.

On assiste à la rencontre de deux solitudes qui prennent le temps de s’apprivoiser, au cours de longs trajets en voiture entre le domicile et le lieu de travail d’un éminent acteur et metteur en scène devant monter une pièce de Tchekhov lors d’un festival de théâtre à Hiroshima. En effet, endeuillé par la disparition brutale de sa femme deux ans auparavant, et victime d’un accident de voiture suite à un problème de vue, il a pour chauffeur une jeune femme taciturne qui le conduit chaque jour vers son lieu de répétition. Entre huis clos en voiture ou dans le théâtre, on se laisse parcourir par les émotions véhiculées par les silences et la parole distillée entre les personnages. Tout en poésie et délicatesse, les mots / maux se libèrent crescendo.


« Un triomphe » est un film français d’Emmanuel Courcol, émouvant, inspiré d’une histoire vraie qui relate la vie d’Etienne, comédien en galère, qui se voit proposer l’animation d’un atelier de théâtre en prison. Au départ, peu enthousiasmé faute de fouler les planches et vivre son métier de passion à sa guise, il découvre peu à peu du talent à cinq détenus de longue peine et entreprend de mener avec eux une aventure théâtrale en s’attaquant à l’Everest « En attendant Godot » de Samuel Beckett. Ce film qui se déroule en milieu carcéral nous décrit le quotidien procédurier qui y règne, la pugnacité d’un homme passionné de théâtre et d’une directrice de prison souhaitant bousculer un peu le système en l’ouvrant à de nouvelles pratiques sans oublier combien est périlleux l’apprentissage d'un long texte. Texte complexe de prime abord, qui résonne finalement fort avec leur réalité. On assiste à une aventure humaine riche de rebondissements, avec beaucoup d’engagements de part et d’autre, et un final inattendu et poignant.


Enfin pour alimenter les étincelles, « Gogo » est un film captivant, réalisé par Pascal Plisson, auteur il y a presqu’une dizaine d’années du merveilleux documentaire « sur le chemin de l’école ». Ce dernier relatait les trajets audacieux pour se rendre à l’école de quatre très jeunes écoliers de pays différents qui ont en commun la soif d’apprendre. Quant à « Gogo », il s’agit également d’une histoire autour de l’éducation qui se déroule au Kenya, le temps d’accompagner la plus vieille écolière du monde sur les bancs de l’école en vue d’obtenir son examen de fin de primaire. On y découvre Gogo, une femme charismatique de 94 ans, sage-femme depuis 75 ans, qui donne une leçon de vie en étant un exemple de ténacité et d’enthousiasme en montrant qu’il n’y a pas d’âge pour apprendre. A travers ce film, elle souhaite défendre l’éducation des filles car à ce jour, 130 millions de filles n’ont pas accès à l’éducation dans le monde. Elle fait figure au cœur de l’école de moteur et symbolise l’ouverture entre les jeunes et leurs aînés, en fédérant autour d’elle les enfants qui l’encouragent dans son défi. Tout au long de ce film intergénérationnel, l’on savoure également la beauté des merveilleux paysages du Kenya lors d’un voyage scolaire, première sortie hors de sa communauté de Gogo.


Ces quelques mots sont une invitation à découvrir des histoires palpitantes, étonnantes, émouvantes à apprécier pleinement à travers le grand écran.

Commentaires


bottom of page