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  • Photo du rédacteur: Henitsoa
    Henitsoa
  • 21 mars 2022
  • 2 min de lecture

Grâce à la newsletter de Potemkine Films (lieu insolite parisien situé au 30 rue Beaurepaire rempli de de belles découvertes DVD ou raretés cinématographiques), j’ai eu vent de la sortie du film d’Ilan Klipper « Funambules » dont le titre m’a captivé...

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Il s’agit d’un film hybride mêlant le documentaire à la fiction ayant pour synopsis : « Personne ne sait de quoi est faite la frontière qui nous sépare de la folie. Personne ne sait jusqu’à quel point elle résiste. Aube, Yoan, Marcus, eux, ont franchi le seuil. Ils vivent de l’autre côté du miroir ».

« Funambules » est un film audacieux qui nous invite à tenter de nous immerger dans le monde intérieur d’Aube, Yoan et Marcus (vivant chacun avec des troubles du comportement plus ou moins obsessionnels) en partant à leur rencontre dans quelques scènes de la vie quotidienne à la sortie de l’hôpital psychiatrique.


Aube est une jeune femme presque trentenaire vivant chez ses parents, qui répète en boucle certaines pensées à longueur de journée comme pour se rassurer. Elle aime les pierres précieuses, la gymnastique et apprécie de mettre en scène sa vie en donnant une place particulière à certains objets qui l’entourent. Elle est aussi une danseuse qui aime se mouvoir devant la caméra avec grâce et qui aspire à rencontrer son prince charmant pour partager sa vie. Elle en a une idée très précise car elle veut avoir à elle un « punk »« beau avec une boucle d’oreille » qui lui écrirait une déclaration d’amour.


Parmi les portraits tout en singularité qui animent ce « docu-fiction », il y a Yoan qu’on voit marcher à grand pas dans les jardins d’un service de psychiatrie, tout en soliloquant et déclamant à tout va sa rage et les vives émotions qui le traversent. Il évoque beaucoup ses ressentiments contre son père qu’il juge coupable d’abandon ayant condamné sa famille à la précarité, mais il lui crie aussi tout son amour et la douleur de son absence. Il se dégage de ce jeune homme, une fragilité mêlée de colère et tel un funambule il marche devant nous comme sur une corde raide…

Parfois, habité par la créativité, il slame ainsi : « Dehors, c'est beaucoup plus dur, les gens ne rigolent pas, ils disent qu'on est faible, qu'on est nul. Mais moi je crois en le soleil. Eclaire-moi, soleil »


On fait aussi la connaissance de Marcus, aux cheveux blancs ébouriffés, atteint du syndrome de Diogène (une pathologie psychiatrique qui se caractérise par une accumulation compulsive et engendre des conditions de vie négligées), qui vit seul dans un grand appartement envahi par des objets et des détritus. Ce dernier trouve son plaisir à s'entourer d'objets récupérés qui l'émerveillent et qui suscitent l'incompréhension de son entourage.


Dans ces contes de la folie ordinaire, s'entremêlent une sensibilité poétique et une réalité complexe et dissonante, où chacun se livre et nous invite à nous questionner sur nos propres failles et notre capacité de résilience.




 
 
 
  • Photo du rédacteur: Henitsoa
    Henitsoa
  • 7 mars 2022
  • 3 min de lecture

Voici un partage de témoignages authentiques où chacun(e) met son coeur à nu sur les diverses épreuves traversées et la force du regard que l'on porte sur soi pour avancer, et mieux se découvrir.

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Avant de feuilleter le livre « l’amour qui pique les yeux » de Julie Félix publié chez Albin Michel, notre regard s’attarde d’abord longuement sur la pétillante couverture illuminée par des paires d’yeux joyeux et tendres, et deux sourires « élastiques » contagieux.


Puis, cette image gravée en tête, symbole d’un amour inconditionnel entre l’auteure Julie et son aîné Camille (« grand petit-frère polyhandicapé, emmuré dans son corps abîmé », nous accompagne tout au long du récit de leur quotidien tourmenté…pavé d’angoisses, de longues absences, d’identité fragilisée, de brèches dans le cœur de mère et fille qui restent debout malgré « tout », mais aussi ponctué d’instants éclairs et précieux à trois…


Un témoignage qui empoigne et attendrit par moment, en ne laissant pas de répit à nos émotions…


Une lecture touchante et éclairante que l’immersion dans le récit de Jean-Baptiste Alaize, « De l’enfer à la lumière » publié chez éditions Michel Lafon. Marqué et longtemps hanté par le génocide au Rwanda où il a été témoin de la mort brutale de sa mère et touché physiquement en perdant son tibia sous les coups de machette à 3 ans, Jean-Baptiste Alaize nous relate son histoire, sa détermination et sa soif de lumière, pour transmettre à tous un message d’espoir et pour changer certains regards sur le handicap…


Des souvenirs tragiques du Burundi, à l’adoption par un couple bienveillant aux « valeurs moteurs » de respect et de solidarité, à la découverte de l’athlétisme pour se libérer des « regards » et se surpasser pour rentrer dans la lumière et devenir à son tour source d’inspiration,... il témoigne pour ouvrir le champ des possibles vers une inclusion du handicap effective dans la société.


L’athlète, champion, nous partage aussi de l’intérieur le parcours de combattant des paralympiens, sujets à beaucoup de sacrifices (investissement physique et argent…) et peu épaulés pour performer en compétition…l’importance de l’entourage et surtout d’avoir confiance en soi pour exister pleinement.


Il met en avant l’esprit paralympien : « les paralympiens ne se soucient pas de ce qui ne fonctionne pas, ils optimisent ce qui fonctionne ».


Dans son livre « Fière d’être moi-même » publié chez éditions Leduc, Gaëlle Prudencio évoque avec authenticité son parcours chaotique (multiples régimes, critiques, pertes tragiques, mal-être,…) vers l’acceptation de soi pour s’affranchir petit à petit du regard des autres et des injonctions de la société qui emprisonnent dans l’apparence et les préjugés.


Elle se raconte sans détour avec la puissance des mots et des photos, notamment à travers son blog qui lui a permis de capturer un peu d’attention, de se dévoiler et de se découvrir à la fois…Et, de s’autoriser au fil du temps à être Soi.


Un livre plein d’optimisme, prônant l’inclusion, où elle partage ses expériences variées et explore de multiples facettes d’épanouissement pour aider chacune à dépasser ses peurs ou croyances limitantes et à se réapproprier leur corps pour mieux s’exprimer et s’affirmer…


« En fauteuil à deux » aux éditions Robert Laffont, est la palpitante histoire de Julie et Hamou Aibout, jeunes gens de 20 ans et des poussières, dynamiques et souriants, plein d’envies, victimes brutalement de graves accidents de la route avec leurs rêves et avenir compromis face à leur nouvelle réalité…à mobilité réduite.


Ce récit de vies cabossées écrit en collaboration avec Jérôme Loubry, à l’image de la rayonnante photo de couverture, respire l’espoir, la résilience, le courage, la sensibilité, l’énergie contagieuse de deux âmes éprouvées, réunies par le hasard…


Une lecture touchante où l’on plonge instantanément à leurs côtés pour les « accompagner » dans leurs épreuves suite au handicap, dans leurs nombreux doutes, dans les chemins tortueux de leur difficile réapprentissage d’un nouveau quotidien sur deux roues et du poids des regards alentours…


Et, au fil des mots/ maux partagés, se dévoilent leur détermination motrice et la force de leur amour pour rebondir… et nous insuffler leur entrain communicatif.


N'hésite pas à plonger dans l'un de ses palpitants récits de vie, chacun riche de détermination et d'un regard ouvrant le champ des possibles et de la confiance en soi.

 
 
 
  • Photo du rédacteur: Henitsoa
    Henitsoa
  • 21 févr. 2022
  • 2 min de lecture

La compagnie « Baro d’Evel », créée en 2000 et co-dirigée artistiquement depuis 2006 par l’acrobate française Camille Decourtye et le clown catalan Blaï Mateu Trias, présente un spectacle insolite au Théâtre des Bouffes du Nord du 16 février au 5 mars 2022.

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« Là » est un spectacle de et avec Camille Decourtye, Blaï Mateu Trias et le corbeau pie Gus écrit en collaboration avec la dramaturge Barbara Metais-Chastanier, mêlant des univers variés comme le cirque, l’acrobatie, le mime, la danse, le théâtre, le chant et les arts plastiques.


Tout démarre par un plateau vide où trônent 3 larges panneaux blancs immaculés avant qu’un craquement singulier ne déchire le silence ambiant…


Et, à l’image du poussin sortant de sa coquille, on entend le bruit de crépitements étranges derrière le panneau droit, et l’on devine des coups de pieds répétés qui déchirent le bas de la toile blanche. Soudainement, font irruption sur scène, une paire de chaussures noires, puis de longues jambes vêtues d’un pantalon noir, pour dévoiler finalement un homme vêtu d’un costume noir et d’une chemise blanche muni d’un micro.


Cet homme hagard, promène sa longue silhouette élastique sur scène pour faire face au public. Empreint de timidité et de gaucherie, il tente à travers des gestes et des onomatopées, peut-être de nous expliquer sa présence « là », ici et maintenant… Interrompu par le passage éclair d’un corbeau pie et ses cris qui perturbe l’homme et qui fait rire la salle en éclats.


Puis, telle un passe-muraille, une femme en robe noire traverse à son tour la paroi blanche immaculée. S’ouvre alors le champ des possibles où les artistes tentent de marquer l’espace de leur présence. Et le vide initial va progressivement se remplir de mouvements aériens, de gestes maladroits ou pas, de cris et de borborygmes, de chants, de la rencontre de ces deux êtres solitaires qui vont apprendre sous notre regard curieux à communiquer tant bien que mal et à vivre l’instant présent.


Il se crée devant nous les prémices de la rencontre, rythmée par la découverte l’un de l’autre. Et se dessine et s’écrit au fur et à mesure, face à nous, une histoire chaotique, sans mots, teintée de soubresauts, de danse, d’incompréhensions, de complicité fragile et mouvante, d’harmonie délicate à travers des gestuelles brutes et imagées.


Ainsi, Baro d’Evel nous happe dans un spectacle singulier, d’un ballet poétique de deux corps vêtus de noir et de l’apparition par intermittence d’un corbeau pie à la fois libre et apprivoisé dans un décor minimaliste sur fond blanc.


« Là » qui suit les mouvements de la Vie, nous interpelle par sa délicatesse et capture notre attention avec son flot d’inattendus qui s’entremêlent, qui nous déroutent, nous bouleversent et nous émerveillent.


Viens donc à ton tour en prendre plein les yeux en t'immergeant dans ce ballet insolite où deux corps tout de noir vêtus se mouvent, s’émeuvent et se racontent au cœur d’un fond blanc. Le Baro d’Evel se produit jusqu’au 5 mars au théâtre des Bouffes du Nord ;



 
 
 
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