top of page

En complément du précédent article t’invitant à plonger dans un florilège de romans captivants, j’ai envie d’évoquer ici des témoignages poignants, tant en mots qu’en coups de crayon libérés sur le papier.


ree

Tout d’abord, il y a les histoires émouvantes de l’homme étoilé, infirmier travaillant en unité de soins palliatifs, dans son album graphique « A la vie ! ». Il raconte avec tendresse son métier de passion, son quotidien et nous dévoile à travers son joli coup de crayon et sa sensibilité à portée de regard, quelques anecdotes de vie. Avant de s’y plonger, la merveilleuse préface résonne comme une invitation à découvrir ces bouts de vie croqués avec empathie, ces instants fugaces de partage ou d’écoute chaleureuse, avec ce supplément d’âme qui traverse les visages, dans ces chambres où la mort peut cueillir les patients à tout moment. Une ode à la vie et une pépite d’humanité à partager !


Lisant très peu de BD ou roman graphique, j’ai aussi craqué sur « à cœur ouvert » de Nicolas Keramidas sur le conseil très enthousiasmé du propriétaire du comic shop « Librairie Temps Libre » rue Lepic où je me suis égarée pour échapper à la pluie battante. Et bien m’en a pris car au fil des pages, entre humour (sur les anecdotes enfantines farfelues pour expliquer sa longue cicatrice sur le torse) et angoisses du demain incertain (quand soudainement, sur un terrain de foot entre amis, le cœur s’emballe malgré lui 43 ans plus tard), on accompagne Nicolas Keramidas dans ses tribulations dans les hôpitaux en automne 2016. A l’origine de son histoire, en 1973, il a été le premier nouveau-né à bénéficier d’une lourde intervention pour faire face à la malformation cardiaque (la trétralogie de Fallot)… et dans son livre poignant, avec délicatesse et un brin de légèreté, le dessinateur témoigne presque au jour le jour du réveil brusque de ses douleurs à l’inévitable nouvelle chirurgie à cœur ouvert. L’écriture pour partager les maux et les illustrations pour en faire écho, sont comme un exutoire aux peurs traversées pour oser encore se projeter loin… et vivre pleinement !


Parcourir « Kourrage Antoine » de Fabienne Legrand, c’est prendre le temps de cheminer, en passant par tous les états, au côté d’un admirable duo mère et fils, embarqués brutalement dans une aventure humaine hallucinante, éprouvante et pleine de tendresse… quand par une nuit d’août 2014, Antoine 17 ans, est frappé par une méningite foudroyante. Entre les maux dits et les pointes d’humour et d’espoir esquissés en coup de crayon, l’illustratrice nous conte tout en émotions et délicatesses le combat contre la maladie, la mort, la douleur, l’angoisse des nuits de gruyère et des salles de toutes les attentes… quand le corps ne semble plus qu’une enveloppe inerte et que l’histoire prend aux tripes en ne perdant pas de vue le champ des possibles….


« Avance, bordel ! » de Samuel Marie est un récit d’aventures, de dépassement de soi et de soif d’évasion d’un trentenaire, victime d’un terrible accident de travail avec une chute de 6 mètres lors d’un débroussaillage dans les hauteurs, qui le rendra tétraplégique à 20 ans. Il nous relate ses années de rééducation et son envie malgré la dépendance quotidienne de partir à l’aventure malgré son handicap. Car depuis son plus jeune âge, il l’a souvent bousculé ce corps, en l’entraînant dans les 400 coups pour ressentir cette liberté du geste au bord de ses limites pour savourer pleinement toutes ses capacités. Alors, dans son nouvel état, il se livre à nous, et interpelle sur cette interrogation « comment faire comprendre à chacun qu’il est possible de s’affranchir de ses limites, même les plus contraignantes, de déployer ses ailes pour voir le monde autrement ? » Quelle ténacité et quelle belle aventure humaine en embarquant avec lui dans le road trip qui l’emmènera avec ses divers duos à rouler à travers 3 continents dans son fourgon customisé et personnalisé…


Ma dernière découverte est le roman graphique d’Alix Garin, «Ne m’oublie pas », qui a remporté le prix France culture BD des étudiants en juillet 2021. C’est une pépite émotionnelle, peuplée de gestes parfois maladroits, de failles où se glissent de précieux souvenirs et confidences, d’un plein de tendresse à portée de regard, pour une aventure humaine riche de rebondissements entre une jeune Clémence solitaire rêvant de la vie de théâtre et sa grand-mère Marie-Louise, échappée d’une maison de retraite où sa mémoire et son âme s’éteignent à petit feu….On y navigue à travers les âges avec bienveillance, et y sont abordés des questionnements sur l’intimité, la mémoire au-delà de la maladie, la place du corps, avec des moments de légèreté, de drôlerie et d’amour immense…


Pour rappel, voici donc les références de ces témoignages à ne pas manquer !


- « A la vie », L’homme étoilé , janvier 2020, éditions Calmann-Levy

- « A cœur ouvert », Nicolas Keramidas, janvier 2021 ; éditions Dupuis

- « Kourrage Antoine », Fabienne Legrand, octobre 2020, éditions le cherche-midi

- « Avance, bordel ! », Samuel Marie, septembre 2019, éditions Dunod

- « Ne m’oublie pas », Alix Garin, janvier 2021, éditions Le Lombard


 
 
 

L’été est souvent propice à la découverte de nouvelles lectures, alors voici un petit florilège de pépites émotionnelles qui pourraient capter ton attention …

titres romans lectures découvertes booklover plaisir de lire mots plumes inspirantes

Découverte pendant le confinement, la merveilleuse plume de Valérie Perrin avec son roman « Changer l’eau des fleurs », dévoré d’un trait, nous conte l’histoire de Violette (garde cimetière en Bourgogne). C'est le cœur en bandoulière, traversé par un flot d’émotions vives et les yeux embués et attendris, que nous cheminons à ses côtés tout en étant scotchés par les rebondissements, transportés par les airs entêtants qui défilent en déambulant dans ce cimetière où nous sommes cueillis par des anecdotes bouleversantes ! Un plaisir certain d’accompagner certains personnages terriblement attachants derrière leur(s) fêlure(s), et que d’imagination et d’intensité de bout en bout. Et ces citations qui résonnent : « On ne rencontre jamais les gens par hasard. Ils sont destinés à traverser notre chemin pour une raison ». « Le curseur du chagrin qui me broyait les os était puissant au maximum de l’insupportable ». Quelle plume délicate, haletante et gorgée d’émotions distillées ici et là qui nous saisissent quand nous ne nous y attendons pas.


Un autre grand coup de cœur à partager est le roman « Mademoiselle Papillon » d’Alia Cardyn. Une double dose d’Emotions à le parcourir, d’une part avec une plume agréable qui nous happe et nous enchante au travers de la mise en lumière de Thérèse Papillon, cette femme extra-ordinaire pleine d’humanité qui a bouleversé bien des vies en de nombreuses décennies ; et d’autre part, avec l’immersion mouvementée dans la mystérieuse atmosph’air des nouveaux nés prématurés auprès de Gabrielle…dont le regard, peu à peu, s’éclaircira au « contact » de Mademoiselle Papillon. Les mots enthousiasmés de l’auteure, tout en vibrations résonnent de bout en bout du roman, jusqu’aux remerciements.


J’ai aussi envie de vous parler d’une autre plume percutante qui m’a complètement conquise l’année dernière, avec l’immersion dans la poignante lecture de « Né d’aucune femme » de Franck Bouysse. Nous voyons se dévoiler au fil des pages, la bouleversante histoire de Rose, à travers les yeux du curé Gabriel qui a « recueilli » les mots de Rose sur le papier déversés…Un roman sombre et déchirant, mais prenant, où des voix s’entremêlent pour conter « l’indicible », au travers de maux en cascade, qui laissent sans voix et qui prennent aux tripes tout du long… C’est un récit puissant qui démarre par la vente de Rose, 14 ans, par son père pauvre à un riche maître de forges pour une poignée de pièces d’or… Et ces mots de Rose qui résonnent encore une fois le livre clos : « les journées et les nuits étaient toutes pareilles, comme si c’était pas du temps, mais de l’eau glacée. Quelque chose était mort en dedans de moi, et pourtant je pouvais encore respirer, me déplacer ».


« Les enfants véritables » de Thibault Bérard est une lecture récente qu’il me tardait de découvrir après son émouvant premier roman « il est juste que les forts soient frappés », qui nous emportait dans un tourbillon d’émotions avec la rencontre de Théo et Sarah (la quarantaine inachevée nous y contant son histoire à rebours, où deux êtres s’apprivoisent, s’aiment intensément avant que le malheur ne les frappe…). Dans ce deuxième roman, on retrouve Théo et Cléo, son amour nouveau. C’est un vibrant récit qui peut être parcouru indépendamment du premier, et qui capte immédiatement l’attention par un regard généreux et délicat de l’auteur nous embarquant au côté de Cléo, être solaire et fragile à la fois, dont l’enfance singulière se dessine à plusieurs voix…Dans sa quête mouvementée du bonheur (familial) et face à sa maternité soudaine, Cléo nous partage ses doutes et ses espoirs, au cœur de vies qui s’agitent, se bousculent, s’apprivoisent, s’émeuvent, se décryptent….Une histoire palpitante, dépeignant une galerie d’âmes ébréchées, où se tissent des liens crescendo, et qui nous enthousiasme par les mots plein de vie et les maux vifs qui s’y égrainent….


Dans « Je ne cours plus qu’après mes rêves » de Bruno Combes, nous passons un agréable moment à suivre l’histoire des 3L, en prenant le temps d’accompagner Luisa (atteinte de la maladie d’Alzheimer), Louane (lycéenne en perte de repères) et Laurène (en réussite professionnelle mais terriblement seule) dans une belle aventure humaine. Il suffit parfois de suivre un Rêve pour donner le sens aux vies alentour et réveiller cette part de soi engluée dans la routine et les tracas. Un peu de légèreté le temps de quelques heures en compagnie des 3L pour rallumer des notes d’espoir quand la vie malmène…


« La somme de nos vies » de Sophie Astrabie est un roman lumineux, qui voit s’éclore au fil des pages, outre les belles fragrances des fleurs, les personnages attachants qui s’entrecroisent autour de la jeune Camille…qui se complaît à imaginer la vie des autres au lieu d’habiter pleinement la sienne. A peine le livre ouvert, nous nous laissons happer dans les fragments de vie mouvementée, bouleversante et riche d’émotions, qui se dévoilent; et à nous laisser tourbillonner par des questionnements qui nous traversent tous, à sourire du « beau » qui jaillit dans les regards et les attentions, à laisser la lumière percer certaines carapaces tenaces,…et ces mots qui continuent de graviter au bout des lèvres : « Dans chaque maison, il y a une âme, ma petite Camille. Il y a l’émotion des gens, leurs souvenirs, leurs secrets…même leur cœur. La vie est une grande succession de photographies que l’on oublie de prendre. Mais les maisons se souviennent… ». A l’image de la couverture, nous tentons à notre tour d’imaginer l’histoire des silhouettes perchées aux fenêtres.


« Ce que les étoiles doivent à la nuit » de Anne-Gaëlle Huon est une mise en bouche savoureuse pour découvrir sa plume touchante et lumineuse. Un réel plaisir de nous laisser transporter dans le méli-mélo d’émotions qui nous happe, nous bouscule et nous chavire au fil des maux qui s’égrainent dans la vie tourmentée de la cheffe parisienne Liz…Et à l’image des changements opérés dans son quotidien, riche de péripéties au pays basque, nous nous laissons traverser par les belles âmes environnantes… et nos papilles aussi ne sont pas à l’abri des surprises !


Prendre le temps d’aller vers une lecture enrichissante dans la découverte de soi, en plongeant dans les écrits de la psychanalyste et philosophe Anne Dufourmantelle, à travers « l’éloge du risque »…En faisant l’éloge de la prise de risque, elle nous invite à explorer et traverser des zones de risques (risque de faire des choix, risque de l’inconnu, risque de la passion, des solitudes, des angoisses, des dépendances, risque de la parole…). Et au fil des chapitres, elle nous interroge sur la question (essence-ciel) de prendre le risque de vivre, pour (mieux) nous réaliser….


Parmi les belles lectures estivales à parcourir, « Jolis jolis monstres » de Julien Dufresne-Lamy nous transporte quelques heures en compagnie de Lady Prudence et Mia, à des époques différentes, pour plonger sur trois décennies au cœur des histoires tantôt colorées et flamboyantes, mais aussi mouvementées des Drag Queen des années 80 à nos jours… C’est un livre qui évoque tout en délicatesse la tolérance, la différence, qui bouscule avec le sida ravageur et nous happe de mots en maux ; notamment, dans la peau de James et Victor, deux âmes cabossées, en quête de cette autre facette qui les complète… dans le monde de la nuit…


«Une forêt de laine et d’acier » de Myashita Natsu, est un titre énigmatique pour inviter à découvrir le milieu des artisans de l’ombre que sont les accordeurs de piano. Ce livre a la couverture constellée nous transporte aux côtés du jeune Tomura, qui après sa rencontre imprévue avec « un grand piano noir à l’odeur de la forêt », rêve à son tour de permettre aux notes de se déployer et briller au cours d’un long apprentissage parsemé d’aléas, de persévérance et de découvertes. C’est un livre où les mots s’infiltrent telles les notes envolées, libérées, à notre attention et s’animent avec sensibilité pour donner à percevoir ce précieux toucher qui permettra aux pianistes de peindre de beaux paysages en partage. Délicatesse, résonnance, clarté, imagination fertile se révèlent sous la plume inspirée de l’auteure.


Si la curiosité te dit, voici le récapitulatif des plumes à découvrir ou dévorer cet été, et plus de titres à explorer, si affinités…


- « Changer l’eau des fleurs », Valérie Perrin, février 2018, éditions Albin Michel

- « Mademoiselle Papillon », Alia Cardyn, octobre 2020,éditions Robert Laffont

- « Né d’aucune femme », Franck Bouysse, août 2020, éditions La manufacture de livres

- « Les enfants véritables », Thibault Bérard, avril 2021, éditions de l’Observatoire

- « Je ne cours plus qu’après mes rêves », Bruno Combes , mai 2019, éditions Michel Lafon

- « La somme de nos vies », Sophie Astrabie, juin 2020, éditions Flammarion

- « Ce que les étoiles doivent à la nuit », Anne-Gaëlle Huon, avril 2021, éditions Albin Michel

- « Eloge du risque », Anne Dufourmantelle, octobre 2014, éditions Rivages

- « Jolis jolis monstres », Julien Dufresne-Lamy, août 2020, Editions Harper Collins

- « Une forêt de laine et d’acier », Miyashita Natsu, juin 2020, collection Picquier poche


 
 
 

« Du temps pour Soa », c’est une merveilleuse opportunité d’encrer quelques musiques qui m’émotionnent…et comme l’a dit Jim Morrison, « nous nous cachons dans la musique afin de nous dévoiler ». Je saisis donc ma plume pour parler de certains artistes, que j’ai par ailleurs eu la chance de voir se produire sur scène, qui m’ont tant touché par leur virtuosité, leur générosité, et leur belle complicité.


La Musique me ressource, m’évade, me bouscule, et m’invite à me (dé)poser et me laisser traverser par des atmosph’airs variées. A cet instant, après le confinement et son flot de « silences imposés », j’éprouve une profonde gratitude pour chacun des moments suspendus à bout de cordes vocales ou instrumentales « dans tous leurs états », que j’ai vécu dans la salle du Théâtre des Bouffes du Nord ces dernières années. Cette salle, classée monument historique depuis 1993, et réputée pour sa très belle acoustique, a la particularité de permettre par sa disposition de rapprocher le public et l’artiste avec un parterre en arc-de-cercle. Cette proximité participe à vivre tous ensemble une expérience humaine puissante dans un décor dépouillé mais chargé d’histoires. Le spectacle vivant s’y déploie en effet au cœur d’un édifice dont la patine des murs porte les traces d’incendie voire d’oubli, avant la renaissance de ce lieu de créations en 1974 sous la direction de Peter Brook et de Micheline Rozan.


Je me souviens des palpitantes soirées musicales, à savourer tantôt la sérénité ambiante de « Chamber Music » avec le duo Vincent Segal au violoncelle et Ballaké Sissoko à la kora (instrument emblématique de l’Afrique de l’ouest, associé à une harpe-luth), tantôt les envolées au piano du japonais Koki Nakano. Ce dernier interprétait pour la première fois en live, accompagné de Vincent Segal, les pièces de son album de musique de chambre contemporaine « lift ». Je me rappelle de cette chance d’en prendre plein les yeux et les oreilles, en voyant leurs doigts virevolter allègrement sur les cordes, et l’explosion de joie face à l’intensité du jeu de chacun des protagonistes. Chaque soirée se clôturant par une floraison de sourires et d’applaudissements du public enchanté et plus que ravi de vivre ces moments-là.


ree

Après avoir fait écho de ces inoubliables et précieux souvenirs en bord de scène, j’ai envie de te parler de certaines pépites sonores qui fleurissent chez No Format!, label de musique indépendant qui dévoile des projets atypiques.


Tout d’abord, l’album « Chamber Music » enregistré à Bamako (2009) a été ma première révélation avec le merveilleux duo de cordes formé par Ballaké Sissoko, joueur de Kora malien (instrument avec une vingtaine de cordes pincées) et Vincent Segal, talentueux violoncelliste multipliant les expériences musicales de tous horizons. Les deux musiciens nous charment à travers leurs conversations instrumentales mélodieuses. Et, les yeux fermés, nous nous retrouvons instantanément propulsés dans un agréable cocon où flottent deux sensibilités qui vibrent à l’unisson. Je me souviens combien son écoute quotidienne avait été, et reste encore aujourd’hui, particulièrement apaisante. Souvenir marqué par le plaisir d’avoir entendu cet opus éclore sur scène, et d’avoir été happée par ce fascinant « tête à tête » musical, avant d’avoir pu échanger, le regard illuminé, quelques mots avec les deux artistes en les remerciant de vive voix de tant de partage qui touche au cœur.


Un CD insolite qui me transporte aussi Ailleurs, c’est l’album acoustique « Songs of Time Lost » (2014) réunissant des interprétations épurées de deux amis de 20 ans, Piers Faccini (voix , guitare) et Vincent Segal, qui revisitent des chansons napolitaines, contemporaines ou cocréées ensemble. Outre le plaisir de m’enivrer de cette complicité récréative, c’est aussi l’occasion de découvrir des trésors du passé, notamment avec la touchante reprise du morceau « Quicksilver daydreams of Maria » du chanteur, auteur-compositeur américain Townes Van Zandt. Et puis, au printemps 2021, deux albums qui me sont chers, ont pris leur envol, « Shapes of the fall » de Piers Faccini et « Djourou » de Ballaké Sissoko.


Ballaké Sissoko dit de « Djourou » qu’il s’agit de la corde (en bambara) qui le relie aux autres. Son merveilleux album est un disque de rencontres où à travers sa curiosité, il va créer des duos inédits. Impressionnant par ses silences et sa dextérité, le virtuose malien aime entremêler la musique traditionnelle africaine aux univers d’ailleurs, aux voix comme celles de Salif Keita, d’Oxmo Puccino, de Camille ou d’Arthur Teboul, le chanteur du groupe de rock Feu! Chatterton. Tout au long du voyage émotionnel et sonore qu’il nous propose, nous ressentons le plaisir réciproque de chaque artiste de partager une partie de leurs univers et de nous embarquer dans leurs aventures. D’ailleurs, dans un entretien, le rappeur franco-malien Oxmo Puccino, a évoqué le côté magnétique de Ballaké Sissoko qui est « une part d’histoire de la musique malienne » et qui « tisse de la musique par son ballet de doigts sur des dizaines de cordes ». Arthur Teboul ajoute que le son de la kora est hypnotique et que c’est une sorte de source qui se déverse. Ainsi, cet album, projet très original, nourrit notre imagination et célèbre le partage.


Piers Faccini, auteur-compositeur-interprète, peintre et photographe anglo-italien, a également sorti en avril 2021 son album « Shapes of the fall » (les formes de la chute), chez No Format ! Cet album m’évoque une invitation aux voyages, toute en couleurs musicales entrelacées entre folk et musiques du monde ; avec des chants vibrants tout en délicatesse qui y résonnent de bout en bout. Milan Kundera dit que la musique est une pompe à gonfler l’âme, aussi, je souhaite te partager le ressenti de mon premier concert de l’année, le 16 juin 2021 au Trianon, au pied de la Butte Montmartre. Une soirée au balcon du théâtre parisien, d’autant plus spéciale qu’en plus de retrouver le plaisir de baigner à nouveau dans l’émouvante atmosph’air de Piers Faccini, j’allais me délecter du florilège des captivants morceaux de son dernier album « Shapes of the fall » disponible sur son label Beating Drum


Que d’Emotions pour ce premier live 2021…car tout au long du concert, se ressentait de part et d’autre de la scène, cette énorme joie de retrouver le partage de la musique en chair et en os et de se laisser traverser par les rythmes ambiants. Après la dynamique Yelli Yelli en première partie, entrait Piers Faccin,i accompagné de 4 musiciens (une violoniste, une violoncelliste, un batteur et un joueur de guembri) qui nous ont happé progressivement avec 3 morceaux mélancoliques, prémices au voyage vers l’espoir et la lumière dans lequel il souhaitait nous transporter .


A travers ses mots dits sur scène, exprimant tant son plaisir d’être là que les messages forts véhiculés par son dernier album, il a interpellé sur l’écosystème en péril et la nécessité d’agir pour voguer tous ensemble dans la même direction avec l'entêtant « all aboard », morceau chanté avec Ben Harper et Abdelkebir Merchane. S’entremêlaient des sons méditerranéens de tous horizons, et comme à chaque fois, il enchantait par ses orchestrations renouvelées sur des morceaux phares comme « home away from home » (qui me donne toujours autant de frissons et d’émotions que la première fois où j’ai entendu cette chanson le samedi 25 juillet 2009 lors du festival Fnac Indétendances en me baladant près de l’hôtel de ville de Paris).


Une soirée mémorable pour la magie qui s’est opérée en découvrant ses nouvelles chansons s’envoler dans les oreilles du public, qui a accompagné en chœur quelques titres, notamment « Dunya » qui signifie « la vie ». Un joli moment de partage pour faire le plein de good vibes et ancrer les chansons qui émotionnent, pour réveiller les énergies et danser la vie…


Je te souhaite de belles rencontres musicales et de faire le plein de découvertes en te baladant au coeur de la collection d'opus du label indépendant No Format !


 
 
 
bottom of page